
Le président Félix Tshisekedi tente, en vain jusqu’à aujourd’hui, de s’affranchir de la tutelle de son prédécesseur, Joseph Kabila, qui détient la majorité au Parlement et dans les Assemblées provinciales.
A peine investi, il s’est retrouvé pris au piège de son pacte vénéneux, paralysé par ses alliances et ses compromissions politiques. De la coalition pour la conquête du pouvoir à un embryon de « cohabitation » dysharmonieuse pour l’exercer, l’idylle vénale entre M. Kabila, soucieux de préserver son influence politico-sécuritaire et ses intérêts économiques, et M. Tshisekedi a déjà montré ses limites. Chaque camp se déchire, parfois au sein de sa propre formation politique, pour rafler des ministères et des postes stratégiques notamment dans les domaines de la sécurité et des mines.
La formation du gouvernement s’est révélée un casse-tête et a donné lieu à de longues tractations qui n’ont pas toujours privilégié les compétences et l’efficacité. Cela a duré près de sept mois, au cours desquels le président Tshisekedi a multiplié les annonces de réforme. Mais plutôt que de les mettre concrètement en œuvre, il s’est d’abord illustré par son activité diplomatique régionale, s’essayant même à la médiation de crise entre l’Ouganda et le Rwanda voisins.
« Cohabitation » asymétrique
Le gouvernement, finalement investi le 6 septembre, se compose de 66 membres dont 42 sont issus des rangs de la plate-forme politique de M. Kabila, qui détient également la majorité au Parlement et dans les Assemblées provinciales. Inflexible, l’ancien « raïs » s’efforce de maintenir à son avantage un complexe rapport de force au sein de cette « cohabitation » asymétrique. Celle-ci semble vouée à l’échec tant elle cristallise des tensions partisanes et régionales, mais aussi des cupidités d’une classe politique pour qui l’accès au pouvoir signifie pour beaucoup enrichissement personnel et préservation du statu quo.